À Propos

La Genèse

Et si mon chemin était de raconter l’histoire du temps qui passe. De tenter de saisir l’éphémère d’un gouffre d’éternité, de passer du dérisoire à l’absolu, de la naissance à la disparition et puis, d’oser le  recommencement.

Tenter de magnifier les faisceaux de lumière captés par les yeux d’un homme en errance se retrouvant seul après 56 ans d’une vie partagée avec celle qui fût sa compagne, son amie, son phare, ma mère.

Honorer leur dernier regard échangé par la fenêtre de la cuisine, seuls au monde, seuls dans leur monde;  ce signe de main qui dit reviens-moi…

Une vie s’arrête dans la solitude d’un protocole sanitaire inhumain, une autre continue dans le vide d’une existence devenue trop grande. 

Le cri silencieux, la douleur immense et brutale qui finit par trouver l’apaisement dans la lumière d’un jour qui s’étire en révélant la clarté d’un possible Univers d’à côté.

Parfois, il faut trouver un nouveau demain pour avancer autrement. 

Les verres, pierres, cristaux s’accumulent autour du vase en argent dans lequel ma mère repose. Sur la table basse en verre, face à l’écran plat que mon père n’éteint plus, dans ce grand salon entièrement ouvert sur le dehors. Chaque objet a sa place et son histoire. La ronde du soleil rythme le temps qui passe inexorablement.

Vient ensuite un mausolée pour donner sens à l’absence, pour tenter d’adoucir la peine,  pour ne pas perdre le lien.

Les boules en verre deviennent prismes, les cristaux miroirs, les pierres écrans. 

De reflets en diffraction, d’étincelles en fusion, un message s’inscrit sur la rétine de celui qui cherche une réponse. Son cerveau en perpétuelle activité l’interprète. Il voit. Il la voit. Elle est là quelque part. Devenue onde lumineuse, elle lui parle. 

Une première photo pour qu’elle ne s’échappe pas à nouveau. 

Très vite, il m’appelle. Elle est là, dans la lumière. Comme une évidence cachée qui devient certitude révélée. 

Le deuil trouve alors un chemin de brillance et de flammes. Mon père m’entraîne dans ses visions, l’exaltation de ses explorations, l’émerveillement de ses trouvailles. Je commence à capturer ses moments magiques.  Maman se marre et s’émerveille de nous voir fantaisistes et explorateurs. Ses éclats de rire nous éclaboussent de lumière.

De cendres à poussière d’étoile. Des liens se créent. L’éternel recommencement du big bang de la naissance, l’effondrement de la mort et l’explosion lumineuse du retour au tout.” 

Claude et Marc Susini, Le chemin de lumière d’un père sous le regard de son fils.

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